L’engagement

par | 30 Août 2018 | Climat – Environnement

Un ministre français emblématique tire sa révérence, un homme sur qui nous étions beaucoup à compter. Et comme dans un deuil, les sentiments se bousculent. Après la tristesse, la colère est de ceux là.

Car enfin, qu’est-ce que peut être l’écologie politique si elle n’est un combat ? « Victime des lobbies » ? C’est une plaisanterie !

Les « lobbies », c’est à dire les acteurs économiques, expriment leurs positions. Les décideurs publics doivent les écouter. Ils doivent aussi écouter les autres acteurs de la société civile, associatifs, ONG, scientifiques …

En d’autres temps, Tocqueville avait vu dans la société américaine de son époque le risque du conformisme des opinions et de la tyrannie de la majorité. Pour résoudre cette difficulté, il proposait de restaurer les corps institutionnels intermédiaires qui avaient occupé une place centrale sous l’Ancien Régime, comme les corporations – les « lobbies » de l’époque – ou les associations, et de favoriser la liberté de la presse et de la pratique religieuse. En renforçant les liens sociaux, ces pouvoirs intermédiaires luttaient contre la toute-puissance de l’État.

A l’issue de ce processus, c’est aux décideurs publics de trancher, dans le sens de l’intérêt général, lequel doit intégrer le souci constant des générations futures. Telle est leur magnifique responsabilité.

Elle implique de travailler H24, de se battre sur tous les arbitrages, sans relâche porter ses convictions, tout le temps. Elle implique de ne pas être dupe des discours des uns et des autres, De déceler les petits conservatismes, les lâchetés du quotidien. De prendre du recul devant les discours convenus de petits technocrates prudents, dont la principale préoccupation est de veiller à ce que leur position professionnelle reflète correctement et durablement leur rang de sortie d’école. De ne renoncer à rien, même si cela gâche vos nuits.

Tout ceci porte un nom : l’engagement. C’est le titre de ce post. Et je ne l’illustrerai pas d’une photo de notre regretté ministre d’Etat.

A la place, j’ai choisi une photo de Bono et Adam Clayton, prise dans les mythiques studios d’Abbey Road en novembre dernier. Car ils nous prouvent que le courage de s’engager existe encore.

Demain soir, U2 débutera par un concert à Berlin sa tournée européenne. Bono, son chanteur iconique en a profité pour publier il y a quelques jours dans le Frankfürter Allgemeine une véritable lettre d’amour à l’Europe. Il a annoncé du même coup que tous les membres du groupe porteraient les couleurs européennes pendant les concerts de cette tournée.

Il veut y voir un « acte radical et symbolique en faveur de l’Europe et contre les extrémistes et les nationalistes ».

L’environnement, l’Europe, quel rapport ?

C’est en vérité le même sujet, l’engagement que nous devons aux générations futures.


Iconographie : Le chanteur Bono et le bassiste Adam Clayton, du groupe U2, à Abbey Road Studios pour BBC One, le 16 novembre 2017 © BBC