Tintin en Syldavie

par | 20 Avr 2018 | Gouvernement

Si vous aimez Malte et la façon dont ce pays « gère » la corruption et les journalistes indésirables, alors vous allez adorer la Macédoine ou l’Albanie dans l’Union Européenne …

Transparency International, une organisation fondée en 1993, publie chaque année son « Corruption Perceptions Index », un indicateur de l’état de la corruption par pays. Par corruption, il faut comprendre les activités illégales cachées qui éclatent lors de scandales, procès ou enquêtes. Il est bien sur très difficile de mesurer un véritable niveau de corruption, celle-ci étant cachée par nature. C’est pourquoi Transparency utilise le terme de « perception ». C’est en fait le regard objectif que l’on peut avoir sur un pays quant à sa corruption intérieure.

Dans le dernier opus, Malte est 46ème, l’Albanie 91ème, la Macédoine 107ème…  38 places perdues en un an pour ce dernier pays.

Mais qu’à cela ne tienne, à Strasbourg mardi dernier, la Commission européenne a proposé que le Conseil (représentant les Etats membres) ouvre les négociations d’adhésion avec l’Albanie et l’ancienne république yougoslave de Macédoine.

« La décision se fonde sur une évaluation de progrès réalisés par ces deux pays sur les recommandations faites en 2016 et un examen des mesures mises en œuvre par Tirana et Skopje », a expliqué Mme Mogherini.

Lors d’un point presse à Tirana, le Premier ministre albanais Edi Rama a salué une décision prenant acte des efforts de réformes, notamment dans la lutte contre le crime organisé et la corruption. Cette recommandation, a-t-il souligné, « ne marque pas la fin des batailles mais l’entrée dans une nouvelle phase encore plus difficile« .

A Skopje, son homologue macédonien Zoran Zaev a estimé que son gouvernement se voyait ainsi témoigner « la confiance pour faire avancer le pays sur le chemin Euro-atlantique » (terme usuel qu’utilisent les nouveaux accédants pour rappeler qu’au-delà du projet européen, ils achètent aussi un ticket d’entrée dans l’OTAN). M. Zaev a répété qu’il voulait « régler dès que possible » le conflit sur le nom de la Macédoine avec la Grèce.

Je ne suis pas sûr de toujours comprendre sur quelle planète étrange vit notre fonction publique européenne. Une lecture insuffisante de Tintin reporter, pourtant le héros local ?

Je suis confiant que les Etats-membres sauront faire entendre raison à une Institution qui semble au cas d’espèce essayer d’exprimer le degré zéro de l’analyse politique. Un sommet européen avec les pays des Balkans occidentaux est d’ailleurs prévu le 17 mai à Sofia.

Mais puisque selon les Traités, la Commission est « à l’initiative », ne pourrait-elle avant de prendre une décision se poser une très simple question : « ce que je propose favorise t’il la progression des europhobes au sein de l’Union ? »

C’est une question simple pourtant …


Iconographie : couverture de la version couleur de l’album d’Hergé « Le Sceptre d’Ottokar », pré-publié en noir et blanc du 4 août 1938 au 10 août 1939 dans le Petit Vingtième.