J’avais évoqué le souvenir de cette oeuvre éphémère dans un papier publié ici il y a deux ans.
J’avais alors parlé de cette ambiance si particulière que nous avions vécu à Paris en décembre 2015, quelques jours seulement après les attentats du Bataclan.
Et en songeant à nouveau à ces jours-là, mon émotion est plus grande encore !
C’était le 3 décembre 2015, il y a cinq ans presqu’exactement, au tout début de la Conférence de Paris …
« L’art a la capacité de changer notre perception du monde et Ice watch rend tangibles les enjeux climatiques auxquels nous faisons face. Aujourd’hui, nous avons accès à des données fiables qui nous éclairent sur ce qui va se produire et ce qui peut être fait » avait dit l’artiste.
Quelques jours plus tard, le « petit marteau » de Laurent Fabius concluait une COP 21 particulièrement brillante, et ses « promesses » :
- limiter l’élévation de la température moyenne de la planète « nettement en dessous » de 2°C à la fin du siècle par rapport à la température moyenne préindustrielle, tout en poursuivant les efforts pour limiter cette hausse à 1.5°C ;
- renforcer les capacités d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques ;
- orienter les flux financiers dans un sens compatible avec ces deux objectifs.
Cinq ans ont passé…
Compte tenu de ma culture de financier, j’ai beaucoup cru – je le confesse – au troisième bullet point et à la nécessité de se doter de tous les outils nécessaires pour parvenir à une « Finance Soutenable ».
En France, à l’occasion de la loi Pacte, nous avons vu fleurir des « raisons d’être » toutes plus vertueuses les unes que les autres … une sorte de concours Lépine de la Responsabilité Sociale et Environnementale !
Pourtant, selon le rapport climat 2020 d’Axa, le portefeuille de l’assureur – un des « bons élèves » en la matière – est sur une trajectoire un peu inférieure à 3°C, à comparer à une moyenne marché autour de 3.6°C …
3.6°C de hausse des température moyenne à la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle, ce n’est juste pas viable.
Le climat est un bien public. Il ne peut donc être laissé aux lois du marché.
Il y a quelques jours, la Commission Européenne a publié un premier jet de l’acte délégué relatif aux « Technical Screening Criteria » (TSC) promis par le règlement Taxonomie, pour le soumettre à consultation.
Si l’on mesure l’espérance d’un avenir durable à la quantité de norme émise, il me semble que nous sommes sur un chemin prometteur : 349 pages également réparties entre atténuation et adaptation … Et il reste quatre autres critères à couvrir !
349 pages de norme pour définir un petit monde vertueux à coté de la « vraie économie », on est sérieux ? Quid des activités, de loin les plus nombreuses, ne relevant pas de la « taxonomie » ?
Et une question pendante au passage, puisque nul n’est censé ignorer la loi : qui comprend encore ces textes ?
Iconographie : 3 décembre 2015, « Ice Watch », par Olafur Eliasson et Minik Rosing, Place du Panthéon, Paris © Martin Argyroglo
Après avoir travaillé en tant que banquier international pour des pays émergents, Laurent Lascols est devenu responsable mondial risque pays / risque souverain (de 2008 à 2013) puis directeur mondial des affaires publiques (de 2014 à 2019) pour Société Générale. En 2021, il a fondé Aristote, un cabinet de conseil et organisme de formation dédié à l’économie de l’environnement, la finance durable et la finance à impact.